François Ier
François Ier, roi de France de 1515 à 1547, est né le 12 septembre 1494 à Cognac et mort le 31 mars 1547 à Rambouillet.[Placidus, PM, 139 22h37 ; Junctinus, SA, 489a 21h44 - Gauricus, 54, TA, 22h26 - Cardano, 463 21h40 ]
Journal de Louise de Savoye, duchesse d'Angoulesme, d'Anjou et de Valois" (Foucault, 1820), p. 390: « François, par la grâce de Dieu, roi de France, et mon César pacifique, print la première expérience de lumière mondaine à Cognac, environ dix heures après midi 1494, le douzième jour de Septembre. »
Dans la première moitié du XVIe siècle, les princes firent souvent appel à l’art divinatoire, surtout lorsqu’une difficulté se présentait, qu’on ne pouvait résoudre par les moyens courants de l’administration d’État. François Ier eut beau se moquer des fausses prédictions de Savonarole devant Giovanni Battista Délia Palla, un adversaire des Médicis exilé en France, il fit lui aussi appel aux prophètes. Plusieurs d’entre eux provenaient de sa maison ecclésiastique. Ils furent sollicités pour trouver le meilleur moyen de lire l’avenir et d’interpréter les signes de Dieu. Ainsi, après le Triumphe des vertuz, Jean Thenaud rédigea pour François Ier et à sa demande La saincte et très crestienne Cabale metrifiée. Le roi trouva le manuscrit trop alambiqué et en commanda un second à son auteur, qui fut achevé en 1520-1521 : Traité de la Cabale en prose. Il est intéressant de noter que, de manière subtile, ces deux ouvrages tentaient de détourner le roi de la kabbale magique ou superstitieuse. Jean Thenaud était surtout un astrologue. Il apaisa les inquiétudes de Louise de Savoie concernant la prévision d’une grande conjuration pour l’année 1524. Ses écrits étaient truffés de pronostications, comme le montre le Genealitic de la très sacrée majestèe du Roy très cbrestien. Cet horoscope, qui fut offert à François Ier pour son quarantième anniversaire, était suivi d’une « vie du roi » divisée en plusieurs parties, chacune étant placée sous les bons auspices d’une planète. Le 1er août 1533, dans une lettre à Philippe Chabot, comte de Charny et de Buzançais, l’un des proches de François Ier élevé au rang d’amiral après la bataille de Pavic, Thenaud demanda à son correspondant de remettre l’horoscope à François Ier. Il ajouta ce commentaire pour présenter son travail :
« Mon seigneur, ung chascun scait qu’il n’est aultre plus fidelle ou plus vigillant pour la prospérité et félicité de la très sacrée majesté royalle que vous, et pour ce je vous envoyé le double des révolutions de ses années trente et neuf presque passée et de la quarentiesme qui vient, qui est quelque peu suspecte. Pour ce que vous plaise le contregarder de nouvelles entreprinses, longtains voyages, mesmement par mer ou fleuves, aussi de perilz et dangiers, car noz ennemis seront encores fors ceste année et prospéreront ; laquelle oultre passée jusques à la fin de l'année quarentiesme de sa très felice naissance, sa très grande félicité, gloire et loz immortel viennent sus aveques très longue et très saine vie ».
Le Généalitic ou Horoscope du roi François IerChantilly, musée Condé, ms 420
L'aumônier du roi pensait que de telles prémonitions étaient nécessaires à la prise de décision. Comme il l’écrivit en 1518, à l’occasion de la rédaction d’un autre horoscope dédié à la naissance du dauphin François de France, un roi devait « savoir pour prévoir ». L’astrologie était donc bien pour lui un « savoir », une « science », tandis que la décision relevait de la « prévision », c’est-à-dire d'une « prescience ».
[La prise de décision en France (1525-1559) : Recherches sur la réalité du pouvoir royal ou princier à la Renaissance, ouvrage collectif, IV. Les prophéties de l'astrologie, p. 66-67, Benoist Pierre]
FIGURE I
J'ai dressé le thème pour 21h44. On y remarque une conj assez serrée entre J et Soleil ; une opposition de Mars au MC, et surtout à la Lune. Je reviendrai plus tard sur d'autres éléments très notables. Qu'on me permette de noter une combustion de Jupiter par le Soleil.
Dans cet accident où François fit une chute de cheval et se retrouva dans un état critique, en 1502, on note les directions suivantes :La comtesse d’Angouléme, qui, comme femme et comme mère, devoit être frappée des moindres détails qui intéressoient celui quelle appeloit son roi, son seigneur, son César et sonfils, tient dans son journal un registre fidèle de tous les petits dangers auxquels l'enfance de François a échappé, de tous les accès de fièvre qu’il a eus, etc. [...]
Au reste, il faut convenir qu’à travers les périls dont toute enfonce est assiégée, et dont François ne pouvoit être exempt, elle remarque deux qui durent faire frémir une mère, et que l’histoire peut ne pas dédaigner.
Ce prince n’avoit encore que six ans, lorsqu’une haquenée que le maréchal de Gyé, son premier gouverneur, lui avoit donnée, l’emporta près d’Amboise à travers la campagne, avec une fougue que rien ne put retenir. On crioit, on se désespéroit, tout le monde croyoit le prince perdu. « Mais Dieu, dit la comtesse d’Àngoûlême, ne me voulut abandonner, cognoissant que si cas fortuit m’eût si soudainement privée de « mon amour, j’eusse été trop infortunée. »
[Histoire de François Ier, roi de France, G. Gaillard, Blaise, 1819, introduction, pp. 31-33]
FIGURE II
FIGURE III
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Le 13 septembre 1515, le lendemain de ses 21 ans et huit mois seulement après son accès au trône, le roi François 1er écrase les Suisses dans la plaine du Pô, à Marignan.
La lettre que le roi écrivit à la duchesse d'Angoulême, après la bataille de Marignan, suffiroit pour faire connoître son caractère : toute son âme s'y déploie. En parlant de ses généraux et de ses officiers, il prend partout le ton de l’égalité et de l'amitié ; c'est un soldat qui parle de ses camarades ; c'est un père qui parle de ses enfants, dont il est bien content; il loue les vivants avec transport ; il regrette les morts avec une douleur tendre; son ton est toujours le plus flatteur, parce que c’est le plus naïf. D’autres rois se sont fait un principe de dire noblement et avec esprit des choses obligeantes a leurs courtisans ; François I n’a point de système, il suit son cœur, il écrit ce qu’il sent. Quand il parle de lui-même, il ne déguise, ni n’exagère ses exploits, il dit la vérité. Quand il parle de ses ennemis, il ne s’amuse point à détester leur perfidie, il n’insulte point à leur défaite; charmé de leur valeur, il l’admire et la fait admirer, non pour faire le magnanime, non pour relever la gloire de les avoir vaincus ; il cède à l’enthousiasme qu’excite naturellement en lui la valeur, lors même qu’elle lui est funeste [Histoire de François Ier, roi de France, G. Gaillard, Blaise, 1819, I, cap. 1er , p 202]
FIGURE IV
Cette victoire - et le couronnement de François - sont encadrés par deux directions majeures : D J // V et D L // Sa.
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Le décès - en 1547 - est vraisemblablement survenu des suites d'une maladie vénérienne (syphilis) dont deux manifestations peuvent être répertoriées au moins en 1525, puis en 1536.
FIGURE V
On a dit qu'il s'agissait, dès cette époque, des manifestation d'une syphilis secondaire. Les directions de 1525 mettent en jeu d'une part D S conj. M, // L ;d'autre part D L # {S, J}. Il est curieux qu'une direction lunaire engageant les astres réputés bénéfiques se trouve synchrone d'un événement contraire. Aussi ais-je approfondi l'étude des points marquants dans le cas de ce thème :
Si nous consultons aux Archives nationales les Archives dites de Simancas, nous aurons des détails sur la maladie de François Ier en Espagne. Il fut affecté d'une mélancolie profonde, réelle ou simulée, pendant l'année de sa détention (24 février 1525 - 7 mars 1526) et sa sœur Marguerite se rendit près de lui. Cette maladie a été exagérée avec intention par Louis de Bourges ou Burgensis, son médecin, qui avait accompagné dans sa captivité. Le médecin Jean de Nismes avait également accompagné le roi. Soit par gracieuseté, soit par méfiance, Charles-Quint avait envoyé deux de ses médecins auprès de son royal prisonnier. François Ier fut en outre affecté d'un abcès au cuir chevelu au niveau de l'occiput, vers la fin du mois d'août. Cet abcès s'ouvrit spontanément le dimanche 24 septembre. C'est pendant le séjour de François Ier à Madrid que furent conclus, le traité de Madrid (14 février 1526) et ses fiançailles avec Léonor d'Autriche, veuve d'Emmanuel le Grand, roi de Portugal, sœur aînée de Charles-Quint. [La mort des rois de France depuis François Ier.; études médicales et historiques, Corlieu Auguste, 1892, Champion, p. 13-16]
FIGURE VI
Trois points doivent attirer l'attention :
- le noeud lunaire est en étroite conjonction avec le Soleil, indicateur d'inversion (qu'il faut entendre comme inversion du sens solaire dont la tradition en fait un astre neutre qui peut être orienté) ;
- Fomalhaut [alpha Piscis Australis] est à 26°46' dans le Verseau en conjonction apparente avec la Lune ; selon Ptolémée, Fomalhaut est de la nature de Saturne [Tetrabiblos, I, 9] ; la domitude est de 308°24'28". Ainsi, observons-nous que Fomalhaut est, in mundo, en opposition avec Jupiter.
- Regulus [alpha Leonis, Cor Leonis] est à 22°48' dans le Lion, en conjonction avec Mars et agit comme les astres de Mars et de Jupiter. Sa domitude Campanus est de 87°26'20".
A partir de cette époque, la santé du roi fut altérée et nous le trouvons malade à Compiègne pendant un grand mois. « L’an 1538, dit du Bellay, le Roy estant à Compiègne, tomba malade d’une apostume qui lui descendit au bas du ventre, dont il fut en grand danger de mort. » Varillas parle d’un ulcère aux parties que la pudeur défend de nommer. C’est vers cette époque que François Ier reçut les soins du chirurgien Guillaume Vavasseur, qui secreti cujusdam incommodi tractatione intimam tanti Regis obtinuit fiduciam. Etait-ce un bubon syphilitique ? Nous sommes assez porté à le croire. [...] Aucun auteur n’a contesté la maladie donnée à François 1er par la Ferronnière, mais la cause de sa mort a été diversement jugée. Nous ne pouvons ajouter aucune confiance en Varillas, auteur d’une histoire de François Ier, qui vivait au XVIIe siècle, et mêlait souvent le vrai au faux, ni en Brantôme (1340-1014) dont la véracité est douteuse et qui raconte souvent pour le plaisir de raconter. [idem,pp. 18-19]
FIGURE VII
Nous trouvons ici une direction D Sa # {S, J}. Voilà qui nous ramène au 1er point, la conjonction serrée entre le noeud lunaire et le Soleil. La direction entre le Soleil et Vénus qu'on observe Fig. III est donc assimilable à une direction entre Vénus et Mars ou Saturne. Passons maintenant aux circonstances de la mort de François Ier :
Mais il est un contemporain en qui nous pouvons avoir confiance, car il a été témoin de la dernière maladie de François 1er et dès 1546 il adressait à l’empereur Charles-Quint, son maître, les notes les plus précises sur la santé du roi. C’était de Saint-Mauris, ambassadeur d’Espagne. Nous lui laisserons la parole.
« En premier lieu, l’on donne adverfissement qu’il y a jà assez longument que le Roy des chreslien s’est trouvé malade ; et fut ce commencement de son indisposition par une fiebvrc lente qui ly print laquelle l’a tenu plusieurs fois, et sans qu’elle eust jour ny heure certaine, sinon qu'elle fut une fois continue cinq jours, oultre laquelle fiebvrc se dcscouvroit aprez ung apostume soubz les parties inférieures, par lequel ledict Roy a esté grandement molesté et tellement affoibli qui ne se pouvoit substenir sur ses pieds : par où il fut contrainct de tenir le lict ou de demeurer en chayere. Pour la guérison duquel apostume on manda incontinent les plus expers médecins cirurgiens de Paris, lesquelx aprez avoir purgé ledict seigneur Roy luy appliquèrent certain cautère sur ledict apostumc, afiin de le faire tant pluslost meurir et percer; ayans réitéré ledict cautère jusqu'à ce que ledict apostume se rompist. Mais où l’on esperoit que ce seroil en ung lieu seulement, ce a esté en trois, et en place bien dangereuses, tellement que l’on ne sçait jusques au présent quelle seurté y peut avoir sa personne. Et mesme que luy advint nagueres ung évanouissement et foiblesse, combien qui soit toujours esté et soit encores en son bon sens et entendement. Et procede ceste maladie de celle qui luy fut quasi semblable lorsque l’Empereur passa d'Espagne par France. Et depuis, selon le succez de ladictc maladie, pour ce que l’évacuation ne se faisoit comme il appartenoit, l'on a appliqué trois nouveaulz cautères audict sire Roy par le moyen dcsquelx luy sont este faiz trois pertuys par lesquelx est diffluée l'umeur pourrye en grande habondance. Et finalement pour mieulx resouldre ladictc maladie, ledict sire Roy a commence de faire la diette, laquelle il doit continuer pendant vingt jours qu'a esté par le conseil de ses médecins, lesquels demeurent tous d’opinion que ceste maladie procède du mal françois, à l’expulsion duquel ladictc diette pourra grandement servir. Si est ce que l’on se craint qu’il n'y ait ulcère en la vesique, réceptacle de l’urine. »
Les médecins rouvrirent la plaie, « de laquelle il sortit une grande infection dont il eut grand soulagement ». Cependant le roi n’avait pas perdu ses forces et sortait en litière. Au mois de février 1547, François Ier, croyant que le changement de résidence lui serait favorable, se rendit à La Muette, château qu’il avait fait bâtir dans la forêt de Saint-Germain, et où il resta sept à huit jours. L’ennui le prit et il alla coucher à Yillepreux : il eut la fièvre toute la nuit. Le lendemain il alla coucher à Dampierre, d'où il se rendit à Limours, à l’époque du Carême-prenant. 11 y resta deux ou trois jours, alla à Rochefort où il essaya d’aller à la chasse. La fièvre le prenait tous les soirs. Il quitta alors Rochefort pour se rendre à Rambouillet, avec l’intention d’y passer une nuit avant d’aller à Saint-Germain. Mais la fièvre redoubla : d’intermittente qu’elle était, elle devint continue avecques la douleur d’une apostume qu’il avait eue peu de temps au précédent qu’il allast au devant de l’Empereur quand il passa par France ». Le 20 mars le roi était en danger; le 21 les médecins désespèrent de la santé du monarque et Saint—Mauris écrivit au cardinal de Grandvelle que François est très malade, « que son abcez ouvert lui donne la fiebvre par accez, qu’il a grand peur de la mort ». Cet état alla en augmentant. Le mardi matin, 29 mars, le roi « advisa qu'on luy apprestast l'onction, qu’il ne voulut point partir de ce monde sans avoir tous les caractères et enseignes d’un militant soubz l’estendart et conduite de Jésus...
« Le soir d’aprez, un peu devant minuit, luy print une rigueur et un tremblement sy grand que l’assistance désespéra totalement de sa guarison, il print l'onction dévotement, se préparant, luy-mesme respondant..., il luy sembla aprez qu’il voyoit quelque vision dont il n’avait point de peur, comme il disoit, estant si bien accompagné de Jésus-Christ... « Le soir de ce jour-là qui fust le mercredy, luy survint un accident tel qu’on pensait qu’il deust passer, là où le roi se vint présenter à luy à genoux... « Toute la nuict suivante fut en travail de quelques imaginations desquelles il se deffaisoit et revenoit toujours en son sens, remémorant plusieurs passages de l’Escriture... « Le matin à la messe du jour de sa mort qui fust le jeudy dernier dudict mois de mars... aprez la parole et la veuë perdue, il fit certains signes de la croix sur son lict et ainsy qu’on l’exhortait de porter patiemment les douleurs de la mort pour la mort de Nostre Seigneur en ce visage mourant sourioit pourtant et montroit réjouissement..., sur quoy il rendit l’esprit à Dieu entre une et deux heures aprcz midy. »
Le lendemain, après que la mort eut été constatée par les médecins, le corps du roi fut ouvert. « On trouva une apostume en son estomac, les rognons gastés et les entrailles pourries, le gosier en chancre et le poulmon entamé. » Tel est le résultat bien incomplet de l’autopsie que rapporte Saint-Mauris. [ibid pp. 23-27]
FIGURE VIII
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